Le réchauffement climatique : conséquences dans le monde
notamment en Asie
Conférence de M.Jean Tirole,
Prix Nobel d’économie, Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, Membre du collège des académiciens de l’ATAO.
Cette conférence a été donnée le 2 juin 2023 dans le cadre du jubilé des 31 ans de l’ATAO, Académie Toulousaine des Arts & Civilisations d’Orient, au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse.
(Voir le programme complet des conférences des 2 et 3 juin)
M. Tirole a divisé son exposé en deux parties : la première partie a traité des généralités sur la lutte contre le réchauffement climatique ; la seconde a fait le point sur les grands pays asiatiques et sur les pays les plus vulnérables.
1ère partie : Généralités sur la lutte contre le réchauffement climatique
(d’après le rapport « Les grands défis économiques » par Olivier Blanchard et Jean Tirole, 2021) :
Caractère d’urgence absolue, en raison du très grand retard pris dans la décarbonation.
Quelques bonnes nouvelles cependant, en particulier celle que les Français ont bien ressenti cette urgence.
Il demeure un gros problème de perception :
Perceptions incorrectes :
Les mesures visibles, comme la taxe carbone, sont impopulaires.
Les mesures invisibles (le SEQE [= Système d’Échanges de Quotas d’Émission], l’obligation d’achats de certains matériels, l’obligation d’isolation, les subventions, les normes, les interdictions) sont pour certaines beaucoup plus coûteuses par tonne de CO2 économisée que la taxe carbone.
Perceptions correctes :
Relation perdants-gagnants : beaucoup de mesures écologiques sont régressives.
La « croissance verte », avec création d’emplois « verts » est bien une mythologie.
Recommandations du rapport Blanchard-Tirole :
1) Prix du carbone, il est absolument nécessaire de le fixer, pourquoi ?
Pour donner les bonnes incitations et ne pas dépenser plus que nécessaire.
Pour encourager la R&D (Recherche et Développement) dans l’innovation verte.
Pour simplifier les décisions de l’État et des acteurs économiques.
Pas d’exemptions (inefficaces et injustes) et fin des subventions aux énergies fossiles.
Fixation du prix avec un plancher et un plafond.
Fixation du prix au niveau européen et extension du système SEQE.
Taxe carbone aux frontières des pays.
2) Des subventions doivent soutenir la recherche et le développement.
Il existe une impérieuse nécessité de progrès technologiques importants pour parvenir au résultat.
Pour les innovations de rupture, mise en place d’une ARPA-E EU (Advanced Research Project Agency-Energy à l’échelle européenne), avec une gouvernance appropriée et une comparaison avec les autres institutions françaises et européennes.
3) L’électricité :
La consommation va doubler dans les prochaines années, ce qui va entraîner :
Une production accrue d’électricité.
La nécessité d’établir des réseaux entre les nouvelles technologies et les lieux de consommation.
4) Le nucléaire :
Dans le contexte précité, il n’est pas responsable de fermer les centrales nucléaires existantes.
5) Situation internationale :
Les émissions de gaz à effet de serre continuent de progresser, en particulier en Chine.
Sur la carte des intensités des émissions de carbone, la France et l’Europe contribuent pour une faible part à la pollution mondiale.
Faut-il conserver le G 7 ou former un « Club du climat » pour faire pression de façon efficace sur les pays les plus pollueurs ?
6) Les fausses bonnes idées :
Inclusion des critères environnementaux dans les marchés publics, parce que les institutions locales n’ont pas les moyens de mesurer les émissions de gaz à effet de serre.
Création d’une Banque Centrale verte, parce que les États ne veulent pas faire le travail et se défaussent sur leur Banque Centrale.
2ème partie : Les pays asiatiques
1) La Chine :
C’est un pays fortement émetteur : 85% des énergies fossiles. Au niveau mondial, 50% des émissions dues au charbon et 30% des émissions de CO2.
La Banque Centrale chinoise finance les projets verts.
Sur le plan international, il faudrait appliquer le principe des « responsabilités communes ».
Les États-Unis ont abandonné le leadership pour la décarbonation.
2) Le Bengladesh :
Ce pays est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique : 50% du pays sera inondé si le niveau de la mer monte d’un mètre.
Mais ce pays a montré ses capacités d’adaptation. Aujourd’hui, il y a 100 fois moins de morts résultant d’un cyclone.
Le Bengladesh démontre sa volonté de combattre le réchauffement climatique par la fermeture de trois centrales à charbon et par l’augmentation interne du prix du pétrole.
Il connaît un remarquable développement économique, mais il doit relever de nombreux défis, dont les plus importants sont la pauvreté et la surpopulation, la dépendance à l’industrie textile et la difficulté à prélever les impôts.
Afin de récompenser ces efforts, l’ONU a décidé qu’à partir de 2026 le Bengladesh ne figurera plus parmi les pays pauvres mais entrera dans la catégorie des « middle income ». Cette promotion joue en réalité en défaveur du pays qui, de ce fait, va perdre beaucoup de prérogatives qui lui étaient nécessaires.
3) L’Inde :
C’est aussi un des pays les plus vulnérables, exposé aux sécheresses, au tarissement des fleuves mais aussi aux inondations catastrophiques.
Son taux d’émission de CO2 est assez faible, seulement 7 % des émissions mondiales (2,5 tonnes par personne), mais il va être amené à s’accroître très rapidement. Le pays n’a pas de taxe carbone, alors que 50% de sa production d’électricité vient du charbon.
La COP 21 prévoit la neutralité carbone en 2070.
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